Fiche événement
Quoi? "Belgium, une utopie pour notre temps" [lien] [facebook] dans le cadre de l'AGORA URBAN MASTERCLASS
Qui ? Philippe Van Parijs (professeur ordinaire émérite de l'UCL)
Où? BOZAR - GALERIE RAVENSTEIN, MEZZANINE (Bruxelles)
Glossaire (désolé mais ça simplifie nettement la lecture ensuite)
BXL = Bruxelles
BEL = Belgique / Belge
FR = France / Français·e
HOL = Hollande / Hollandais·e
NDLS = Néerlandais
NDLR = Note De La "Rédaction"
PVP = Philippe Van Parijs
VLA = Flandre / Flamand·e
WAL = Wallonie / Wallon·e
Introduction
Le titre de la conférence se trouve être en fait le titre d'un livre à paraître avant l'été en Néerlandais et, par la suite, en Français. Le bouquin va traiter de 4 thèses :
Question préalable : la Belgique éclatera-t-elle ?
4 scénarios sont proposés d'emblée à notre analyse :
Avant d'attaquer chaque scénario un par un, PVP commence en rappelant le contexte général (pays complexe, petit résumé accéléré pour les retardataires).
"Bruxelles c'est un peu notre Jérusalem. Bon... sans les problèmes religieux, c'est déjà ça! Mais chacun a des raisons de l'estimer sienne."
"Pourtant, dans la réalité, on a un indice de l'importance de BXL côté VLA (parmis d'autres): le VOKA (NDLR : représentants du patronat VLA) a bougé son siège d'Antwerpen à BXL."
Ceci décréditerait le scénario 1.
Ce scénario-ci serait-il intéressant du coup?
D'après PVP, ce scénario s'apparenterait fort à une colonisation : une région dirigée pour les intérêts d'une autre (non, pire, de deux!). Il cite B. De Wever "la difficulté à trouver une solution pour BXL réside dans la difficulté à en trouver une qui convienne aux BXLois". Scénario éliminé donc.
Reste donc...
→ on a éliminé nos 4 scénarios!
Mais ces 4 scénarios peuvent être complétés par 4 considérations optionnelles :
Quelques éléments de contexte :
- Question préalable : la Belgique éclatera-t-elle ?
- Le grand défi : les deux démocraties
- Une fédération revigorée : 4 régions et 1 cappucino
- Bruxelles-Capitale : un peuple de métis
La conférence traitera exclusivement des deux premiers chapitres.
4 scénarios sont proposés d'emblée à notre analyse :
- "Groot Vlaanderen" = BXL avec VLA, WAL isolée
- "Nation francophone" = BXL avec WAL, VLA isolée
- "Condominium" = BXL co-gérée par VLA & WAL
- "BXL EuroCapital" = BXL seule, VLA & WAL aussi
Avant d'attaquer chaque scénario un par un, PVP commence en rappelant le contexte général (pays complexe, petit résumé accéléré pour les retardataires).
"Bruxelles c'est un peu notre Jérusalem. Bon... sans les problèmes religieux, c'est déjà ça! Mais chacun a des raisons de l'estimer sienne."
- Bruxelles c'est 0.5% du territoire (NDLR : j'ai vérifié 162 km²/30 528 km² ≈ 0.53%!) mais 19% du PIB national.
- Si la VLA absorbe BXL, le PIB per capita des VLA devient le double de celui des WAL
- Si la WAL absorbe BXL, le PIB per capita des WAL devient 95% de celui des VLA
Scénario "Groot Vlaanderen"
"Il se trouve que "certains", côté VLA, veulent tout de même abandonner BXL ... et ils auraient au moins 2 bonnes raisons de le faire :"
- Si VLA englobe BXL, ce pays se retrouverait avec 17% de francophones et deviendrait donc de facto bilingue!
- une indépendance serait probablement atteignable à la faveur d'un compromis douloureux (en comparant avec le cas de l'Irlande et de l'Irlande du Nord)
"Pourtant, dans la réalité, on a un indice de l'importance de BXL côté VLA (parmis d'autres): le VOKA (NDLR : représentants du patronat VLA) a bougé son siège d'Antwerpen à BXL."
Ceci décréditerait le scénario 1.
Scénario "Nation francophone"
L'ampleur des transferts (depuis VLA ou BXL) est assez dissuasif en soi. Une étude de la KUE conclut que si on examine les transferts en considérant le lieu où la richesse est créée ou bien le lieu de résidence des personnes imposées les résultats (et donc les interprétations) varient énormément (NDLR : je suis désolé mais ça allait trop vite pour noter correctement les nombres!).Scénario "Condominium"
Pour ces différentes raisons, ni la WAL, ni la VLA ne veulent quitter BEL sans BXL !Ce scénario-ci serait-il intéressant du coup?
D'après PVP, ce scénario s'apparenterait fort à une colonisation : une région dirigée pour les intérêts d'une autre (non, pire, de deux!). Il cite B. De Wever "la difficulté à trouver une solution pour BXL réside dans la difficulté à en trouver une qui convienne aux BXLois". Scénario éliminé donc.
Reste donc...
Scénario "BXL EC"
Ce scénario se heurte à deux problèmes liés à l'extrême difficulté de gérer :- uniquement la partie centrale d'une agglomération !
- une population aussi mobile (entre autre à cause du système de sécurité sociale improbable qui en résulterait) (NDLR : encore une fois, mes excuses, j'ai raté le pourcentage clé de mobilité de la population)
→ on a éliminé nos 4 scénarios!
à ce stade j'étais un peu confus...
Mais ces 4 scénarios peuvent être complétés par 4 considérations optionnelles :
- l'expansion de BXL
- l'indépendance de Ostbelgien
- la réunification (Groot NDLS = VLA+HOL)
- le rattachisme (= WAL+FR)
À propos du "rattachisme" ou d'une "réunification"
Est-ce possible?Quelques éléments de contexte :
- En terme de PIB (€/an/tête) :
- WAL = 20900
- VLA = 37400
- BXL = 63800
- FR = 32400
- HOL = 38900
- Depuis les années 70 la WAL chute, c'est lié au déclin industriel dans la région de Liège et dans le Hainaut).
Considérations à propos des paysages de l'audio-visuel (télévision) :
- Le paysage FR = +40% du paysage WAL (proximité forte)
- Le paysage HOL = -2% du paysage VLA (proximité faible)
En conclusion : il est très probable que la BEL soit toujours entière d'ici la fin du siècle !
MAIS... il pourrait y avoir des changements.
"Dans tous les cas" poursuit PVP "une fédération forte sera nécessaire".
Pourquoi ?
- Bruxelles est petite et le restera. :
- vu sa position enclavée, cela n'arrange pas du tout la VLA qui verrait principalement ses territoires (Leuven, VLA Bravant) grappillés par une population majoritairement francophone.
- Les provinces de Brabant VLA & WAL sont les plus riches de deux régions auxquelles elles appartiennent et qui ne risquent donc pas de les abandonner !
- Cette expansion resterait donc très hypothétique voir douteuse.
Le grand défi : les deux démocraties
BEL ne va pas éclater mais il faut améliorer des choses. Pour ça il faut régler le problème numéro 1 : la langue.
- John Stuart Mil "sans opinion publique unie il est impossible de fonctionner avec une démocratie représentative"
- Emile de Laveleye y ajoute le concept de "comices" (NDLR : ?)
On se retrouve donc devant 5 choix !
- Unilinguisme dur
- Bilinguisme mou
- Double unilinguisme
- Bilinguisme dur
- Lingua franca : ***** (NDLR : pour le suspense).
Il se trouve que les 4 premiers choix ont historiquement existé.. dans cet ordre :
Unilinguisme dur (1830)
Langue imposée (le FR) → violence."On" a essayé... sans succès.
Bilinguisme mou (1899)
Ici PVP nous propose un graphique particulièrement intéressant de la répartition des langues parlées à BXL au fil du temps. En particulier entre 1846 et 2011. Ce graphique illustre à merveille l'inversion : au début le NDLS est majoritairement parlé, à la fin c'est le FR. Une 3e courbe, celle des bilingues, conserve sa deuxième place mais largement en descente vers la fin. En fait, cette courbe illustre le phénomène de sas dans lequel les personnes parlant NDLS ont transité avant de renforcer la courbe FR (après 2 générations).Ceci a provoqué une réaction du côté VLA !
Double unilinguisme
Apparaît le concept de territorialité linguistique : un territoire fonctionne dans sa langue majoritaire. Ce concept a souvent été mal reçu par les francophones et pourtant nous dit PVP "il est assez banal au niveau mondial".Double unilinguisme : les exceptions (NDLR : comprenez "zones de trouble")
- Bruxelles - 1962
Les zones unilingues pouvaient devenir bilingues si lors d'un recensement linguistique, 30% des gens se déclaraient de l'autre langue
→ réaction VLA anti-recensement par rapport aux 19 communes à facilité - Leuven - 1968
L'UCL, francophone, était à l'origine située à Leuven sous la double pression : - de l'intelligenzia WAL qui l'estimait trop loin du prolétariat WAL
- des VLA réactionnaires qui l'en ont chassé !
Bilinguisme dur (NDLR : "tout le monde doit parler les deux langues")
Jules Destrée disait en 1923 que "cette théorie est imbécile". Raison aggravante : la présence de l'Anglais.Lingua franca : English (NDLR : je n'ai rien vu venir !)
En Europe l'Anglais explose absolument toutes les autres langues. Surtout auprès des jeunes. Et le Brexit n'y changera rien. PVP expose plusieurs graphiques de qualité à l'appui.
- En WAL la 1ère langue apprise est l'Anglais.
- En WAL les 15-24 ans apprennent moins vite, probablement en partie à cause des doublages encore omniprésents au cinéma et à la télévision (contrairement à en VLA).
En conclusion
PVP est convaincu du futur de l'Anglais comme langue de dialogue entre VLA et WLA, entre néerlandophones et francophones. Il mentionne enfin le projet REBEL (Rethinking Belgium in the European context) auquel il a participé.
J'ai eu clairement plus de difficultés à retranscrire cette conférence. En partie parce que je découvrais la matière et en partie parce que PVP avait un rythme très soutenu. Je publie tout de même ce billet en espérant qu'il vous soit utile :)
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